Interview de Domenech d'après match
« Raymond Domenech, entre tous, quels sont vos motifs de satisfaction après France - Italie ?
Le bilan comptable de six points en deux matches, déjà. C'était l'objectif. Il y a aussi la manière. L'équipe a confirmé la qualité de jeu aperçue en Bosnie (2-1) et en Géorgie (3-0). Il y a une vraie équipe, soudée, qui a envie d'aller au bout. Une troisième satisfaction, celle que je défends depuis longtemps, est que l'équipe de France plaît à son public.
La titularisation de Sidney Govou était-elle un pari ? Ou pour vous, c'était une évidence ?
En marquant deux buts, il a peut-être fait un peu plus que ce que j'attendais. Mais ce n'est pas un pari ni un coup de poker. Je mets en place une équipe avec les profils de joueurs les plus adaptés à nos qualités et à l'adversaire. Contre un latéral assez offensif (Grosso), il fallait quelqu'un comme lui pour provoquer. Après son travail physique à Lyon, avec Robert Duverne (préparateur des Bleus pendant la Coupe du monde), je savais qu'il était prêt.
Comme à Berlin, comme en Bosnie, vous avez encore encaissé un but sur coup de pied arrêté. Est-ce que ça devient inquiétant ?
On en a marqué un aussi. On en inscrit, des buts sur coups de pied arrêtés. En finale (de la Coupe du monde). (Il réfléchit). En demi... En quart ! Et en huitième ! Sérieusement, l'adversaire a le droit de jouer. Contenir l'adversaire sur les phases arrêtées, c'est le plus difficile. Je n'ai jamais travaillé sur les coups de pied arrêtés défensifs. Ça ne sert strictement à rien, puisque c'est du marquage, pas de la zone. (Ironique) Au marquage, on joue à l'italienne, on joue du coude, on tire maillot, on marche sur les pieds. Vous avez raison, ça ne n'arrange pas : on marque de plus en plus de buts sur coups de pied arrêtés.
Les joueurs disent qu'il s'agit d'un problème de concentration. Qu'en pensez-vous ?
Ce qui m'inquiéterait, ce serait qu'on ne marque pas. En ce moment, on sait qu'on peut mettre l'adversaire en difficulté. Tout le monde en prend, des buts sur coups de pied arrêtés, même le Brésil, même l'Italie. On en prendra d'autres.
Vous avez souvent parlé à vos joueurs pour remettre des choses en place. Qu'est-ce qui n'allait pas ?
Je suis perfectionniste. Dans ces matches-là, ça devient trop facile et on oublie certains placements ou replacements. On joue avec le feu et on se met à la limite. Ça concerne un peu avec tout le monde. C'est dans ces matches où ça ne se passe pas trop mal qu'on peut être exigent.
Les Italiens se sont sentis inférieurs physiquement, est-ce aussi votre avis ?
S'ils trouvent qu'ils étaient juste, je n'y peux rien. Ce n'est pas moi qui suis allé (il s'interrompt)... J'allais dire une bêtise. Tout ce que peux répondre, c'est que Patrick Vieira Vieira joue dans ce Championnat.
Justement, pour la première fois depuis les années Jacquet (1994-1998), la L1 est redevenu le principal fournisseur d'internationaux. Qu'en pensez-vous ?
Je ne fais pas l'équipe en fonction de la provenance des joueurs mais de leurs talents. Cela dit, c'est bien, c'est mieux que ce soit comme ça. Au moins, ça montre que Lyon s'est installé dans un statut de grand club européen. Et j'espère que derrière, Marseille, Paris ou Bordeaux pourront avoir le même statut à l'avenir.