Naples - Juve, un match choc
Classique des années 80, Naples-Juventus renaît au stade San Paolo pour "le" match de la 10e journée du Championnat d'Italie de football de 2e division lundi, entre des Napolitains qui rêvent de retrouver un peu de leur lustre passé et une Juve partie pour tout balayer sur son passage.
Il y a 20 ans, Platini venait défier Maradona et les deux équipes luttaient pour le titre. Aujourd'hui, c'est pour l'accession en Serie A (1re div.) que Napolitains et Turinois vont en découdre. Il n'empêche, Serie B ou pas, cette confrontation est un sommet. D'abord parce que d'un point de vue sportif, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas revêtu autant d'enjeu. Si cela fait bientôt dix ans que le club napolitain navigue dans les divisions inférieures, il semble aujourd'hui suffisamment armé pour revenir dans l'élite. L'arrivée de la Juve, reléguée en raison de son implication dans le scandale du Calcio et qui n'entend pas faire de vieux os, est venue pimenter le championnat.
Et puis surtout, bien au-delà de ces considérations, la confrontation résume à elle seule la rivalité entre le Sud et le Nord de l'Italie, entre le club de l'industrieuse et riche ville de Turin contre Naples la déshéritée. Près de 60.000 tifosi seront présents au stade San Paolo. Après être passés de la Coupe d'Europe (victoire en C3 en 1989) à la Serie C (2004-2006), ils espèrent aujourd'hui, le temps d'une soirée au moins, que leur équipe les fasse à nouveau rêver. Il n'y a plus Maradona. Et s'il y a Cannavaro, ce n'est pas le capitaine des champions du monde mais son frère. Après 9 journées, le bilan de l'équipe est mitigé (9e, 4 victoires, 3 nuls et 2 défaites), mais celle-ci va tout donner pour s'imposer.
A la Juve (5e), les stars sont encore là (Buffon, Del Piero, Camoranesi...), et on ne voit plus guère ce qui va empêcher le club de remonter, surtout depuis que la pénalité infligée en début de saison est passée de 17 à 9 points. Depuis un nul concédé lors de la 1re journée, le club piémontais reste sur une série de huit victoires (et seulement 1 but encaissé, Buffon demeurant invaincu depuis 7 matches). A l'échelle de la Serie B, c'est un ogre.
A Naples, la Juve est favorite. Mais le contexte local, la passion qui entoure "le" match de l'année, dans une enceinte où les Napolitains n'ont plus perdu depuis octobre 2004, changent la donne. Fin août, au terme d'un match à rebondissements, la Juve en avait eu un avant-goût en s'inclinant aux tirs au but (3-3, 5 t.a.b. à 4) en 16e de finale de la Coupe. C'est dire si après une excellente mise en route, cette rencontre va permettre à la Juve de se situer. En cas d'une 9e victoire de rang, on ne voit donc pas ce qui pourra l'arrêter, même si Didier Deschamps, tête froide, évoque "une partie importante mais pas décisive" qui "ne met pas plus en jeu que 3 points". "Nous allons chercher à continuer sur notre dynamique de succès", ajoute l'entraîneur qui devra cependant composer avec des blessures en défense (Kovac, Boumsong) et en attaque (Trezeguet).