L'histoire du jeune David en Argentine

Publié le par Trézéguet David

Voici l'article de Alexandre Juillard pour le magazine France Football:

Les petits pavillons modestes sont alignés les uns à coté des autres. Dans la rue aux larges pavés se côtoient de vieilles berlines, qui crachottent bruyamment une épaisse fumée noire, et des enfants qui, entre deux passages de véhicules des années 70, s'approprient la rue pour quelques minutes intensives de football. Les temps n'ont pas l'air d'avoir vraiment changé depuis quinze ans à Florida, quartier de classe moyenne situé à la périphérie de Buenos Aires. "Enfin un petit peu quand même, note un commerçant. Avant, l'usine Kellog's était le centre névralgique du quartier. Ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. Et le triangle a disparu. C'était un terrain vague où les gosses du quartier se rejoignaient pour jouer au football." Le triangle a été remplacé par d'autres petits pavillons. Au temps de sa splendeur, il était, pour ces footballeurs en herbe, la Bombonera (stade de Boca Juniors) ou le Monumental (celui de River Plate). Il était situé au carrefour de trois rues, dont celle d'Araoz. Et c'est dans l'un des pavillons de cette petite artère que David Trézéguet, né en France, à Rouen, est arrivé à l'âge de deux ans. Trois pièces, un salon et deux chambres, il partageait l'une d'elle avec sa petite soeur Fabiana. Voilà quel sera l'univers de David durant quatorze ans, jusqu'à son retour au pays natal.

Il est surnommé "el flaco", autrement dit "le maigre"

Depuis deux ans, cette maison n'appartient plus aux Trézéguet. Elle a été revendue. Mais elle demeure à jamais peuplée de milliers de souvenirs. Dans le petit jardin privatif situé juste derrière ce pavillon, le but tracé à la peinture sur un mur est toujours visible. "C'est là que le David footballeur a fait ses premiers pas, indique l'oncle Tomaso, tonton gâteau de l'international français. Lorsque Jorge Trézéguet, son père, revenait du travail, tous les deux se retrouvaient dans le jardin. Ils travaillaient énormément les fondamentaux. Pied gauche, pied droit, conduite de balle, amorti de la poitrine, frappe, etc. David a tellement frappé dans le ballon que le mur était troué! Il travaillait sans rechigner, c'était un gamin très attachant, très gentil et très sérieux."
Mais le travail ne s'arrêtait pas aux rudiments techniques. Préparateur physique de son état, le père insistait également sur la condition athlétique de son fiston. Dans l'album de photos de la famille Trézéguet, il y a, par exemple, un cliché montrant le petit David allongé sur un banc. Il soulève, à la force de ses bicepts, deux bouteilles remplies d'eau. Il a les traits tirés par l'effort mais il ira jusqu'au bout de l'exercice. "Car il adorait passer un moment comme celui là avec son papa. C'était vraiment un excellent élève", se souvient l'oncle Tomaso. Lorsqu'il n'était pas avec son entraineur personnel, et qu'il en avait terminé avec ses devoirs, le jeune garçon s'en allait avec ses copains du quartier taquiner le cuir sur le terrain vague. Les habitants de Florida se souviennent bien des Trézéguet. Il faut dire que, longtemps, Jorge, le père de David a vécu à un paté de maisons de sa futur femme Loli. Lorsque la famille est revenue, en 1979, après plusieurs années passées en France, elle avait donc dans ses bagages un adorable bambin de deux ans. Toute sa famille, ses oncles, sa grand-mère, vivaient dans la même rue.
"Tout tournait autour du football, car nous étions et sommes encore aujourd'hui des passionnés du ballon rond", souligne l'oncle Tomaso. Très rapidement, donc, David a suivi une formation à l'argentine. Vers cinq ans, il commence à tripoter le cuir au club de baby-football du quartier, l'UVVA. Jusqu'à l'âge de douze ans, deux à trois fois par semaine, il vient user ses baskets sur le carrelage de ce club typiquement argentin. Le football dans cet espace réduit est un passage obligatoire en Amérique latine. D'ailleurs la protection de balle de David, les fesses en arrière, et son gout pour le controle du ballon sous la semelle de ses crampons viennent de ces années passées en Argentine. Mais à partir de onze ans, comme tout Argentin, David Trézéguet découvre aussi le football à onze. C'est tout naturellement qu'il est allé à Platense, en suivant les conseils de son oncle Tomaso.
Pendant 2 ans, le futur goleador passe ses semaines entre "le football réduit" et le football à onze. Au club de Platense, les entraineurs le remarquent d'abord par sa taille et son poids plume. Il est vite surnommé "el flaco", autrement dit "le maigre". Ses performances footballistiques n'impressionnent guère. Matias Vocchio, l'un des vieux copains, se souvient même: "Personne ne misait deux pesos sur lui. Il se tordait beaucoup les chevilles, il était tellement maigre. Pourtant c'était déjà un sacré buteur." Marcelo "Cacho" Espina, qui entraine à l'époque les équipes de jeunes, va pourtant placer une confiance aveugle en lui: "il m'a tout de suite impressionné. Il avait un timing de la tête extraordinaire. Et puis, il faisait toujours son appel au second poteau, ce qui est très rare chez un footballeur de cet age. Sans parler de son jeu dos au but... Il était très propre et, surtout, très intelligent."

Il dit non au maillot argentin puis s'envole pour la France

Un beau jour, l'attaquant de l'équipe professionel de Platense, alors en Premiève Division, est suspendu pour un match. "Cacho" Espina réussit à convaincre l'entraineur de faire confiance au "flaco". A seize ans, David Trézéguet connait donc son grand baptème du feu. Lorsqu'il entre sur le terrain, contre Gimnasia La Plata, un supporter lui lance: "Flaco, mange un peu sinon tu vas t'envoler." Ce jour là, une rumeur de dopage autour de plusieurs joueurs oblige l'arbitre à réclamer un controle généralisé. Le manque d'organisation oblige les deux équipes à rester très longtemps dans les vestiaires. Un sacré souvenir pour un premier match pro.
Les performances de David Trézéguet lors de ses 5 matchs en Premiere Division attirent l'attention des entraineurs des sélections argentines de jeunes. A cette époque, José Pékerna le convoque par exemple à un rassemblement des moins de 20 ans. Mais le joueur refuse. La famille Trézéguet, sûre du talent de David va tenter le tout pour le tout. Jorge vend sa voiture, retire ses économies de la banque, quitte son travail et s'envole pour la France. Un agent argentin, qui a beaucoup de contacts en France, organise les premiers rendez vous de David et de son père avec le PSG et Monaco. Le 25 juillet 1995, la famille au grand complet accompagne les Trézéguet, père et fils à l'aéroport international d'Ezeiza. L'une des tantes de David filme toute la scène. Le "flaco" est debout, les bras en V sur l'escalator, le visage barré par un grand sourire. David Trézéguet quitte l'Argentine et retourne dans son pays natal. Trois ans plus tard, il lèvera la coupe du monde avec le maillot tricolore sur les épaules. Lors du tour d'honneur, il vissera sur son crane un bonnet aux couleurs argentines, un coup d'oeil pour un pays qui lui a tant donné.

Publié dans Sa biographie

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F
moi g ai toujour considere david comme etan le meilleur buteur de tout les temps et sa biographie vien de confirmer
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J
Merci Adrien, pour l'info!!! Ca fait du bien à lire!!!
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A
 <br /> à lire pour ce qu'ils disent des commentaires sur Trezeguet. A contre courant de toute la presse :<br /> http://www.cahiersdufootball.com/article.php?id=2377<br />  <br /> merci pour le blog
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Z
Je rentre juste du match là. <br /> On a étés déçus des perfs françaises: Viera et Henry n'ont pas étés bon du tt à mon sens. Trezeguet est le seul à avoir créer des occasions françaises.<br /> Je comprends pas les critiques sur Malouda, il a été vraiment pas mauvais. Clerc a été tout simplement génial. <br /> Le pb dans leur jeu c'est qu'ils restaient trop sur l'arrière et on a vu aucun centre réussit pour les attaquants (c'est pour ça que Trezeguet et Henry ont eu du mal à jouer).<br /> L'ambiance était bizarre, le fait d'avoir été mené ça a pas tellement remotivé les troupes, mais alors dans le virage nord ça sautait partout^^<br /> A chaque fois que les français passaient dans le camp argentin, ça criait dans tout les sens. Et apparament, on a battu le record d'affluence au stade de France.<br /> Sinon je suis pas trop déçu, j'espère juste que cette performance ne va pas faire couler trop d'encre. Trezeguet n'a pas été génial, mais Henry a été transparent. Anelka aurait du le remplacer. On a vu des gestes gentils de la part d'Henry et de Domenech au moment de la sortie de David, ça aussi ça fait plaisir!<br /> Tout va s'arranger contre la Lituanie et l'Autriche, si Domenech a dit que David aurait une part importante dans la qualification de l'euro et dans l'euro lui même, il ne va pas revenir sur sa décision juste à cause d'un match, qui plus est foiré par l'équipe entière!!
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C
Merci à Clara pour le soutien qui s'imposait.
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