Les doutes de David
La France va-t-elle perdre son unique avant-centre de métier ? Poser la question est en soi une hérésie. Comment une sélection, quelle qu'elle soit, pourrait se passer des talents de buteur de David Trezeguet, l'un des plus grands renards des surfaces du monde ? Réponse délicate. Inefficace quand il enfile la tunique bleue ces derniers mois, Trezegol pense dès lors à arrêter sa carrière internationale, à 29 ans seulement. Un beau gâchis...
Reverra-t-on Trezeguet en bleu ? En tenant compte simplement de son bilan statistique, la réponse est évidemment oui. L'avant-centre de la Juventus de Turin a inscrit la bagatelle de 34 buts en 68 matches. Il est le 3e meilleur buteur de l'histoire des Bleus derrière Michel Platini et Thierry Henry, excusez du peu ! Pourtant, Trezeguet n'est plus heureux sous ce maillot qui lui a tant apporté. La raison ? Une coupe du monde traversée dans l'ombre. A son actif, une titularisation stérile face au Togo et un penalty raté en finale. De quoi lui arracher des larmes sur le balcon de l'Hôtel Crillon, place de la Concorde. Trezeguet va mal. Trezeguet ne supporte plus sa situation et hésite donc à continuer sa carrière internationale. La rude concurrence à son poste n'est pas faite pour l'arranger....
Le cauchemar allemand
En 1998, le Franco-argentin était trop jeune (20 ans) pour revendiquer une place de titulaire. Il participe néanmoins à l'inoubliable épopée de la bande à Zizou en inscrivant un but face à l'Arabie saoudite et surtout un penalty contre l'Italie en quart de finale. En 2000, Trezeguet est définitivement devenu Trezegol. Le 2 juillet, il entre dans le coeur des Français en reprenant le centre de Robert Pirès et en offrant le sacre européen à l'équipe de France. Dès lors, il pensait, à juste titre, jouir d'une certaine crédibilité au sein du groupe bleu. La réalité des évènements lui a prouvé le contraire. Arrivé en Allemagne avec la conviction qu'il aurait sa chance, David se rend compte rapidement que Raymond Domenech ne lui fait pas confiance. Louis Saha lui est très clairement préféré. En tout et pour tout, l'avant-centre turinois n'aura été titularisé qu'une seule fois, face au Togo. Un match au cours duquel il a erré comme une âme en peine, attendant un ballon exploitable. Il attend toujours. Résigné, il patiente et se tait. En finale, son pied tremble et sa frappe vient s'écraser sur la transversale de son pote Gianluigi Buffon. Détresse, la France a perdu « à cause de lui »...
Quand ça ne va pas...
La coupe du Monde « digérée », Trezeguet reprend sa saison avec la Juventus. Peu enclin à l'idée d'évoluer en Serie B, il se laisse tenter par le challenge lyonnais et donne son accord verbal au président Aulas. Las, Didier Deschamps, nouvellement promu à la tête de la Vieille Dame, s'oppose catégoriquement à son transfert. Contraint et forcé, Trezegol repart donc pour une saison en Serie B. En équipe de France, la situation ne lui est guère plus favorable. Contre l'Ecosse, la France perd (0-1). Le natif de Rouen, titularisé par Domenech, est mis à l'index pour son manque d'implication. A sa décharge, il n'a eu strictement aucun ballon à négocier. Trezeguet ne digère pas ces critiques qu'il juge injustifiées. Un ressort s'est cassé. Définitivement ? Peut être...
Dès lors, que faire pour revenir dans les petits papiers du sélectionneur ? Un retour en ligue 1 peut être. En marge du match opposant la France à la Grèce, Trezeguet, non retenu, est accosté par Jean-Michel Aulas mais Didier Deschamps coupe court à la conversation. Il n'en fallait néanmoins pas plus pour faire réapparaitre la rumeur Trezeguet à Lyon. En Italie, on parle même d'une offre de 30 millions d'euros émise par l'OL. Signer chez le quintuple champion de France permettrait à l'ancien buteur monégasque de gagner en visibilité par rapport au sélectionneur. Suffisant pour faire un come-back fracassant à la pointe de l'équipe de France ? Rien n'est moins sûr...
Une concurrence sévère
Même au top de sa forme, Trezeguet n'est plus l'option numéro 1 de Domenech. Louis Saha, en pleine bourre à Manchester United en ce début de saison, lui est passé devant pour être associé à l'indéboulonnable Henry. Et l'ancien Messin est loin de démériter. Si l'association des anciens Monégasques Henry-Trezeguet a vécu, celle entre le Gunner et le Mancunien laisse entrevoir de belles possibilités. Pis, le meilleur buteur du championnat d'Italie en 2002 voit poindre la concurrence d'un 3e larron. Ostracisé pendant de longues années, Nicolas Anelka est en effet de retour en équipe de France. A son avantage lors du dernier match des Bleus face à la Grèce, l'enfant terrible du foot français pourrait bien opéré un come-back définitif. Une bien mauvaise nouvelle pour le Turinois... Et pour compléter le tableau, Djibril Cissé, de retour en janvier prochain, est particulièrement apprécié du sélectionneur. Le buteur en or de France-Italie serait donc devenu le numéro 4 dans la hiérarchie des attaquants français ? A première vue, oui. A moins que le jeune Benzema ne s'empare de ce strapontin de bout de banc...